lundi 10 mai 2010

La Défense.

Du verre. Du verre, du verre et encore du verre.

Le Progrès défiant la Nature. Allégorie de la bite dressée ?
L'intérêt de ces tours transparentes en apparence, mais abritant des choses bien moins transparente, est qu'au moins, c'est aussi moche qu'un HLM. Comme quoi.
Ce paradis. Il n'existe pas. Il n'y a rien à voir du haut de leurs monuments à la gloire du Capital. Un monument au Mort, quoi.

8:00. La masse noire arrive. Décervelé. Ca rentre, ça sort. Une grosse bite qui éjacule. Noir.
Des costards, des costards. Des cravates. Un cimetière qui grouille.
Sur la carte, ils indiquent que pas loin, il y a le cimetière de Neuilly. Mensonges. Le cimetière de la classe dirigeante, il n'est pas là, il est à la Défense. Les aristocrates pleins de cokes, ils sont peut-être enterrés à Neuilly, mais les réels enterrés vivants, ils sont à la Défense. Leurs valets travaillent pas loin, ça doit être rassurant pour les haut-bourgeois d'avoir une vue sur les tours où les costards s'échinent. Histoire de ne pas oublier le monde qu'ils ont créé. Tant de beauté dans ces tours et ces tunnels, ces parkings et ces bureaux. C'en est insoutenable.

10:00. On voit des costards remplis de chair humaine.
Il y a les costards des vigiles, les costards des valets qui jouent aux puissants, et les costards des dirigeants.
La mort, elle est là. Je la sens.

Argent virtuel, compétition, hiérarchie ma mie ! La Défense de quoi au juste ?
La défense. Comme celle des éléphants que les ancètres des cadres coupaient en Afrique pour le métal sacré, et dont aujourd'hui, ils ont fait leurs tours d'ivoire.
La défense. Défense de faire du bruit. Un cimetière d'acier, sans bruit. Silence on tue, silence on assassine. On charcute des loques déshumanisées et le responsable n'est pas là. Le responsable n'existe pas. Les costards se sont eux-mêmes coupé la tête. Des névrosés qui se frappent à longueur de journée, et qui aiment. Ils se flagellent, se coupent la gorge devant des écrans que leurs yeux fixent. L'élite de l'Humanité.

Bronzés, tempes grissonantes ou coupe au carré avec permanente. Magasins pour commerciaux. Moquette et baies vitrées. Un monde à part.
Un monde de loques. Déshumanisés aux commandes d'une société qui s'affaisse. Des assistés.
Désaxés. Il y a du personnel à l'entrée, du personnel qui nettoie, du personnel qui fabrique ce qu'on vend ensuite. Du personnel vulgaire et méprisé. Du personnel. Des esclaves au services de valets.
Où sont les maîtres ?
Aujourd'hui, les maîtres se cachent derrière l'anonymat des multinationales. Le monde est leur parcours de golf.
Où êtes-vous ? Où êtes vous, dirigeants d'une société pourrie ?

Je n'en peux plus. Je ne les vois pas mais je trimerais toute ma vie pour eux. J'ai déjà vu la "maison" (le chateau) de l'un d'entre eux, on me l'a montré, on me l'a décrit avec jalousie, mais il n'existe pas. Il n'y avait personne dans le "jardin" (le parc), personne à l'entrée, personne dans la voiture. Il n'y a personne ! Une cage dorée mais l'oiseau y est mort, il ne reste que les plumes qui tombent en tournoyant, les pattes qui serrent toujours le magnifiques barreau, le bec qui mange les graines, mais jamais la conscience ne renaîtra !

Amour ! Espoir s'il s'agissait de phoenix ! Je les imagine brûlant, mourant, renaissant de leurs cendres et détruisant leur cage, déployant leurs ailes atrophiées et lâchant enfin ceux qui avaient été assez stupides pour aller se nichez dans leurs pattes décharnées !

Désespoir.

Ce ne sont que des moineaux qui jouent à l'Aigle. Qui volent de tour en tour et de meurtre en meurtre. Ah, ce sont nos vies qu'ils volent.

La Défense. La Défense des Privilèges.
Un libéralisme incroyablement décomplexé mais qui se cache. Une classe dirigeante qui tue, mais qui répugne à regarder ses victimes.
Autrefois l'usinier avait la décence de vivre au milieu de ceux qu'il opprimait.
Aujourd'hui l'industriel travaille dans son immense bureau de la Défense, et ne passe dans ses usines que très rarement, et en évitant soigneusement les salariés. Toujours à râler, ceux-là. On les nourrit, on les loge, on les embauche, on leur refile des miettes, on bouffe sur leur dos et ça lutte contre nous.
 
La Défense est un monde illusoire. Il n'existe pas. Ou plutôt, sans le "petit peuple" qui vit loin d'Elle, elle n'existe pas. Le Capital entier n'existe pas. Aucun cadre, aucun patron n'existe sans ses esclaves. Ni ses dividendes, ni ses stock-options, ni ses bénéfices, ni ses bureaux, ni ses produits, ni rien.
Ce monde est un cimetière peuplé de créatures de tissus qui n'existent pas. Mais qui dirigent.

Leurs privilèges ne leurs servent qu'à acheter des boîtes plus grandes, des boîtes qui roulent plus vite, des boîtes qui volent plus haut. Ils sont déjà morts.

La Défense.
La Défonce, oui.

2 commentaires:

  1. j'ai découvert la défense en allant à st germain lundi, c effectivement un quartier vraiment flippant...

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  2. Oui, très. Les dirigeants ont des moeurs vraiment bizarre, comment avec tout leur pognon ils peuvent désirer habiter et travailler dans les tours ?
    Je n'y suis allé qu'une fois, j'ai lu un bouquin "Tue ton patron" de J-P Levaray, qui en parle pas mal aussi, et ça m'a inspiré deux textes...

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